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Pleurez, vous êtes filmés
J’ai peur du sang. L’idée de la coupure, du liquide métallique
et visqueux en elle-même, et, par dessus tout, l’idée de la
douleur me répugnent. J’ai tellement peur de cela que
lorsque je participais à des cours de catéchisme niveau CM1,
je devais quitter la salle quand l’on parlait des stigmates du
Christ. Autant vous dire que médicine n’est pas exactement
mon premier choix d’orientation.
Seulement, comme on me le dira assez justement, pas besoin
d’enfiler une blouse blanche pour être confronté à ce qui
compose une bonne partie de notre corps misérablement
humain: même plus besoin de se faire mal, il suffit
simplement d’ouvrir un magasine un peu “edgy”.
D’ailleurs ce terme de “misérablement” ne fait-il sonner
aucune cloche dans votre esprit embué de poèmes de
Baudelaire et autre Hugo que Mme. Delamontagne, votre prof
de francais de 3ième B, vous a inséré dans le crâne à coup de
contrôles surprises?
Défroncez moi vos petits sourcils broussailleux, ces
élucubrations passant de la souffrance à la poésie
romantique ont un sens et mènent bien entendu à une
inquiétude qui est mienne: Serait-ce le retour du mal du
siècle?
Je lisais l’autre jour l’interview d’une jeune artiste
londonnienne dont le travail depuis un an, consistait à se
prendre en photo à chaque fois qu’elle pleurait.
Un poignet cassé, une dispute de couple, la mort d’un proche
se retrouvaient scrutés, classés pour ensuite apparaître aux
yeux du public lors d’une exposition, être publiés dans un
magasine d’art assez en vue qui en loua l’idée, avant de se
promener sur les réseaux sociaux.
Ce genre de projet ne pourrait être le fruit que d’une
introspection sur le thème de la douleur et offrir un sujet
original de travail artistique sans être particulièrement
alarmant s’il ne se retrouvait pas précisement dans
l’ensemble des médias, de la culture populaire et de
l’expression des gens, particulièrement de la jeunesse.
Il ne s’agit pas ici de remettre en question la légitimité de la
douleur en elle-même, mais de comprendre l’attrait qu’elle
semble présenter.
Le stéréotype de l’écrivain torturé, du poète maudit revient
à la vitesse grand V. Il apparaît dans les messages haineux ou
désabusés que l’on trouve brodés sur des casquettes, à
travers les jeans déchirés et l’allure débraillée de ces artistes
contemporains qui, s’ils ne déconstruisent plus une langue
trop normée, réalisent des films ayant pour but de suggérer
l’inadéquate présence de l’être incompris de la société.
C’est le cas notamment du livre et de son adaptation par
Sofia Coppola, Palo Alto et se retrouve jusque dans les
dessins déchaînés des écoliers, petits morceaux de vie
hachée au bord d’un cahier.
La souffrance est un des devoirs de l’homme: il peut
difficilement se construire sans elle. On peut, avec du recul,
la trouver bénéfique, formatrice et galvanisante. Mais
comment la trouver “in”, pourquoi la trouver “cool”?
Les cernes noires que laissent les pleurs des coeurs brisés
peuvent être touchants et émouvants mais ne sauraient
avoir leur place dans des médias qui promeuvent une
ésthétique nonchalante et destructrice à la fois.
L’inéxorable peine de la vie, mes pauvres amis, ne nous
quittera pas de si tôt. Accueillons la donc avec courage et
ténacité sans pour autant en faire l’appanage d’un idéal de
style et d’attitude que l’on veut atteindre.
Alors, essayons lorsque le moment de prendre la pose sera
venu de nous admonester et répétons nous “Souriez, vous
êtes filmés”.
